Focus

Derniers articles publiés

Imbolc : une reconstructionniste celte oublie sa Brideog dehors

Publié le mercredi 4 février 2015 | 11:28

En Irlande, le culte de Brighid, d'abord comme Déesse du feu domestique, de l'inspiration poétique et de la forge puis comme sainte catholique a toujours occupé une grande place dans la vie des fidèles. Ce n'est donc pas une surprise si Imbolc, jour qui lui est consacré, est le cadre de nombreuses traditions ayant pour but d'attirer Sa bénédiction sur leur foyer. Un terreau fertile dans lequel reconstructionnistes celtes comme néo-païens puisent largement leur inspiration. 
Parmi ces activités traditionnelles, la plus courante est sans conteste la création d'une croix de Brighid, symbole de bénédiction et de protection. Certains profitent aussi de l'occasion pour faire le ménage de fond en comble et pour fabriquer leurs propres produits laitiers tels que du beurre ou du fromage frais. D'autres déposent sur le rebord de leur fenêtre, leur "manteau" de Brighid pour qu'en un jour et une nuit, il puisse recevoir la bénédiction de la Déesse. Ce manteau sera ensuite utilisé à des fins de guérison et de protection tout au long de l'année avant d'être rechargé au prochain Imbolc. 

Cependant, la tradition qui nous intéresse ici nécessite un petit peu plus de préparation. Il s'agit de celle qui met en scène une effigie de la Déesse, la Brideog (petite Brighid) créée généralement par les membres de la maisonnée à partir de paille de blé ou de tissu. Le jour d'Imbolc, le leaba Brighid, lit de Brighid est préparé pour elle, puis placé près de la cheminée dans laquelle on aplanit la cendre. La coutume veut qu'avant d'aller se coucher, une fille de la maison sorte avec l'effigie et frappe à la porte afin de demander l'hospitalité pour la Déesse. Les autres femmes lui ouvrent et accueillent Celle-ci à trois reprises. Enfin, toute la maisonnée accompagne l'effigie jusqu'au leaba Brighid où elle est couchée pour la nuit. 

Le lendemain matin, les membres de la maisonnée cherchent des signes de Son passage comme par exemple l'empreinte de Son pied ou de Son bâton dans la cendre. Ces signes prouvent que la maison a été visitée par la Déesse et donc bénie pour l'année à venir. 

Sauf que, dans le cas de Claudia*, reconstructionniste celte nancéienne, les choses ne se sont pas aussi bien passées ! Tout avait pourtant si bien commencé. Suivant la tradition, elle avait tissé sa croix de Brighid, préparé le leaba Brighid (lit de Brighid ) et dressé une table remplie de victuailles. Juste avant de dîner, elle avait sorti l'effigie de Brighid sur son pallier. Elle prévoyait bien sur de l'inviter en grande pompe après le repas. 

Ce moment n'est jamais venu. 

En effet, au moment où notre malheureuse reconstructionniste aurait du inviter la Déesse sous la forme de la Brideog, elle est simplement allée se coucher avec la satisfaction d'avoir fait un excellent repas mais en laissant la poupée dehors !! Pour l'hospitalité, on repassera ! 

Ce n'est que le lendemain matin que Claudia se rendit compte de son erreur en constatant que le petit lit était vide. L'esprit encore embrumé de sommeil, elle pensa tout d'abord que la Déesse avait si bien visité l'appartement qu'elle n'avait pas encore regagné son lit. Vous vous en doutez, un sursaut de lucidité a très vite dissipé le brouillard matinal. L'horreur remplaça donc la perplexité quand la pauvre celtisante réalisa son oubli. 

La Brideog attendait sagement sur le pallier où elle avait été laissée la veille. 

Mue par la volonté de ne pas subir 2 incendies, 5 dégâts des eaux, 1 attentat terroriste et 20 fuites de WC d'ici Imbolc prochain, notre celtisante tente encore de rattraper le coup par tous les moyens possibles et imaginables. Depuis deux jours, offrandes d'encens, de lait, d'alcool entre autres procédés propitiatoires aussi farfelus les uns que les autres se succèdent. 

Malheureusement, nul besoin de tirages de tarot élaborés pour savoir que la Déesse lui en veut encore. En effet, depuis le début du mois, Claudia a du remplacer 3 ampoules grillées et supporter les visites de groupes religieux divers dont les Témoins de Jéhovah et les Mormons. Enfin, selon les informations recueillies par notre correspondante à Nancy, en lieu et place de l'oracle commandé via Internet, c'est un CD des Tokio Hotel qu'elle reçut dans sa boîte aux lettres. 

Au moins, le message est clair ! 
*le prénom n'a pas été changé
Hedwige de Ravencourt

Ivres, ils blasphèment contre Osiris

Publié le lundi 2 février 2015 | 12:20

L'attentat contre nos confrères de Charlie Hebdo et le mouvement de solidarité qui a suivi ont lancé une réflexion sur le blasphème. Ce fameux blasphème qui est la marque de fabrique de l'hebdomadaire satirique visé constitue encore un délit dans la majorité des pays du monde. Même si dans certains, des lois anti-blasphème existent mais ne sont pas appliquées, les questions se posent ! Peut-on, oui ou non, se moquer du divin et de la religion ? Quelles sont les limites à la liberté d'expression dans ce cadre ? 
Photo (c) Jan Kunst

Mythe osiriaque

Plutarque, dans sa version du mythe osiriaque nous décrit comment Seth, par ruse, enferma son frère Osiris dans un coffre qu'il jeta dans le Nil. Le malheureux se noya tandis que le coffre était charrié vers la mer. Éplorée, Isis partit à la recherche du corps, le retrouvant à Byblos. Elle le ramena en Egypte et le dissimula dans les marais du delta pour le protéger de la haine de leur frère. Malgré ces précautions, Seth découvrit la dépouille divine et la déchira en 14 morceaux qu'Il dispersa à travers l’Égypte. Isis reprit son périple pour reconstituer son époux. Elle parvint à retrouver tous les morceaux sauf un, le pénis, qu'un poisson avait avalé. Pour pallier à ce problème, la déesse en fit une imitation.
Épineuses questions qui ne semblent laisser personne indifférent au point que quidams comme élites religieuses y vont de leur avis éclairé. Si le Dalaï Lama se prononce pour la satire religieuse, arguant d'une longue tradition bouddhique, ce n'est pas le cas du Pape François. En effet, le souverain pontife parle de provocation et compare la satire religieuse à une insulte proférée contre (sa) mère. Dans ce contexte, il qualifie de "normal" le coup de poing donné en représailles. 
 La communauté païenne francophone n'échappe pas à ces remous. Certains païens ont, en effet, avoué ne pas oser poser la question du blasphème contre les divinités antiques aux groupes qu'ils fréquentent, hésitation par ailleurs fustigée par quelques membres de ces mêmes groupes. 
C'est dans ce contexte difficile qu'un événement a mis le feu aux poudres samedi 17/01 lors de la rencontre mensuelle de l'association reconstructionniste de Guéret majoritairement composée de reconstructionnistes nuministes, hellénistes et gallo-romains. 
Chaque 3ème samedi du mois, c'est une orgie qui a lieu chez le président du club, Lucius Flavius Rubicundus. N'y voyez cependant aucun prétexte à la débauche sexuelle. Lucius nous explique : "Nous concevons l'orgie mensuelle au sens noble et spirituel du terme. Le repas est avant tout donné en l'honneur de Bacchus, divin protecteur de notre association. Si le vin coule à flots et que la nourriture y est abondante, c'est parce que cela plait au prince des vins et offre un cadre convivial, propice aux joutes oratoires et poétiques ! Nous honorons le Dieu en célébrant le plaisir. Celui des sens tout d'abord avec un environnement harmonieux qui réjouit la vue, une musique qui séduit l'oreille ainsi qu'un ensemble de mets et boissons qui ravissent le palais et l'odorat. Mais le plaisir de l'esprit n'est pas oublié ! Philosophie, tragédie, poésie, comédie sont autant de plaisirs subtils auxquels nous nous livrons sans retenue.
"Sans retenue" semble avoir été le maître mot de la rencontre du 17 janvier d'après les témoignages des deux reconstructionnistes netjéristes présents Méryt-Khépri et Nebmaâtrê. En effet, alors que Méryt-Khépri récitait un poème à la gloire d'Osiris dans lequel elle rappelait certains détails du mythe osiriaque (voir encadré), certains reconstructionnistes gréco-romains et celtes l'auraient interrompue en clamant à propos du Dieu égyptien :
Même mort, il bande encore

Et, en chœur, d'entonner le couplet suivant sur l'air de Bali Balo
Ousir Ousir dans son sarco
Bandait encore comme un taureau
Avec sa bite en arc de cercle
Il parvint à soulever l’couvercle
Ah-ah-ah oui vraiment notre Osiris
A un faux pénis
Ah-ah-ah oui vraiment notre Osiris
A un faux pénis

Les deux netjéristes étaient verts de rage ! Un comble quand on sait que c'est dans cette couleur qu'est représentée la chair d'Osiris. "C'est une insulte au maître des millions d'années !!" s'est emporté Nebmaâtrê alors qu'il racontait la scène à notre correspondante à Guéret. Méryt-Khépri, quant à elle, nous fait part de son incompréhension "Pourtant, tout avait bien commencé, les poèmes étaient beaux et inspirés ! Je ne comprends pas pourquoi ils s'en sont pris à Osiris à cause d'un pénis factice. Un mythe grec nous apprend que Dionysos lui-même a sculpté un pénis dans du bois de figuier pour payer sa dette à Prosymnos ! On ne le leur a pas envoyé ce mythe à la figure.". Son compagnon ne décolère pas : "Ce sont des lâches, ils nous ont pris pour cibles parce qu'on était en infériorité numérique !!! Ce n'est pas dans la figure que je le leur aurais mis, leur mythe !! ". Méryt-Khépri tempère : "Sans aller jusque là, force est de constater qu'ils sont plus cons que recons ! Ça ne se fait pas ce genre de choses ! Nous serons aussi implacables que Sekhmet pour défendre notre religion ! Et c'est pas la bière qui nous arrêtera, nous !". 
Elle a d'ailleurs lancé une pétition sur change.org. Son but : faire dissoudre l'association de Guéret et interdire le blasphème sur les forums et groupes païens. La pétition a récolté près de 200 000 signatures en quelques heures, soutenue par plusieurs communautés spirituelles, toutes traditions confondues, reconstructionnistes ou non. 
Interrogé par notre correspondante, le président du club de Guéret, quant à lui, dénonce l'intégrisme dangereux de certains païens et justifie la chanson grivoise par les excès inspirés par Dionysos. Il refuse de présenter ses excuses à la communauté netjériste. "Ce serait encourager les foldingos coincés du fondement ! " s'emporte-t-il. Il y a quand même une chose qu'il regrette dans cette histoire, finit-il par admettre : "pour une chanson entonnée lors d'un repas en l'honneur de Dionysos, la rythmique laissait à désirer". 
Une manifestation est prévue à Paris mercredi 4 février contre les insultes aux Dieux antiques. Au même moment se tiendra une contre manifestation pour la liberté d'expression. La manifestation anti-blasphème partira Place des pyramides à partir de 14h. Vous pourrez recevoir sur place des affiches "Touche pas à nos Dieux" ou "Les Dieux ne sont pas des pokémons". 
La manifestation anti-anti-blasphème partira quant à elle de la place Coluche à partir de 14h42. Il vous est recommandé de vous munir d'affichettes représentant une divinité de votre choix blasphémant contre une autre ou proclamant "Les Dieux ont le sens de l'humour ! Et vous ?". 
Hedwige de Ravencourt
 
Support : Creating Website | Johny Template | Mas Template
Copyright © 2011. Le Païen Quotidien - All Rights Reserved
Template Created by Creating Website Published by Mas Template
Proudly powered by Blogger